Richard Thaler, âgé de 72 ans, est professeur à l’université de Chicago. Il est à l’origine de plusieurs concepts économiques qui ont des implications très concrètes. Soulevons le voile de la connaissance.
Au départ, il y a le dogme sur lequel s’est bâti nombre de modèles économiques: l’être humain est rationnel, il cherche à maximiser son intérêt, à atteindre des objectifs en confrontant les coûts et les avantages de ses actions. Quelques coups de canifs avaient déjà remis en cause la rationalité économique. Ainsi, H. Simon, prix Nobel d’économie en 1979, introduit la notion de rationalité limitée. L’individu fait des raisonnements sans avoir connaissances de toutes les informations qui l’aideraient à prendre les bonnes décisions.
Lorsque R. Thaler met en place, au début des années 90, avec son confrère R. Shiller, des ateliers d’économie comportementale, il donne de nouveaux coups de butoirs à cette sacro-sainte rationalité. Nous pensons être rationnel, mais nous nous heurtons à des biais cognitifs qui ne nous incitent pas à prendre les bonnes décisions. Nous sommes donc sujet à des erreurs de perceptions, d’évaluations et de logiques, sans en être conscients. Prenons quelques exemples. Je prends plaisir à fumer maintenant même si je sais que plus tard cela pourra affecter gravement ma santé. Mais nous préférons le court terme au long terme. De même, nous sommes beaucoup à souhaiter donner nos organes après notre décès, mais sans faire les démarches pour.
R. Thaler, R. Shiller ou encore D. Kahneman ont ainsi utilisé la psychologie pour approfondir les connaissances en Sciences Économiques. L’économie comportementale a donné des résultats tout à fait probants. Ce qu’on appelle les nudge que l’on peut traduire en français par coups de pouce, sont en quelque sorte des arrangements qui guident les individus vers le bon choix. Par exemple, aux Etats-Unis où le nombre d’obèses défraie la chronique, une expérience a montré que si vous présentez dans les cantines, les salades avant les hamburgers, ces derniers seront bien moins souvent choisis. Ainsi, on sent que les politiques publiques peuvent s’emparer de ce nouveau concept pour amorcer des corrections face aux comportements non désirés des citoyens.
Barack Obama, qui a enseigné le droit constitutionnel à l’Université de Chicago, a croisé le chemin de R. Thaler et c’est tout naturellement que des années plus tard, il lui a proposé ainsi qu’à ses confrères, de mettre en place une régulation publique incitative après des années de dérèglements commencés sous R. Reagan. Par exemple, ils sont à l’origine de mesures destinées aux employeurs, permettant à celui-ci de proposer par défaut un plan d’épargne-retraite aux salariés de l’entreprise. L’individu reste libre de choisir de ne pas l’accepter, mais peu d’entre eux feront la démarche et on peut penser que cela est plutôt une bonne chose dans un pays où un certain nombre de salariés ne bénéficiaient pas d’une véritable couverture à l’âge de la retraite avant les programmes Obama. Nous sommes ici dans le paternalisme libertaire, une troisième voie entre le keynésianisme et le libéralisme outrancier.
Finalement, R. Thaler et ses confrères ont, grâce à l’économie comportementale, le nudge et le paternalisme libertaire, tout simplement transformé la société!
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