Votez-vous la même tendance politique que vos parents? Peut-on mesurer l’influence de la culture politique?
Les notions du programme à connaître: culture politique ou civique, socialisation politique et comportement politique
I. Le processus de socialisation politique
A. La socialisation politique
Qu’est-ce que la socialisation politique? C’est le processus par lequel un individu va intégrer les règles qui régissent le champ politique et la place de l’individu dans le champ politique.
On peut distinguer la socialisation politique initiale et secondaire. A. Muxel, sociologue française distingue ainsi une logique d’identification qui se construit notamment dans une phase initiale, et une logique d’ expérimentation qui peut-être reliée à la socialisation politique secondaire.
Quels sont les agents socialisateurs ?
La famille joue un rôle important dans la formation de l’identité politique.
L’école.
La socialisation se fait avant tout à travers les principes fondamentaux véhiculés au cours de l’éducation. Les programmes (ECJS, SES, Histoire&géographie) vont aussi jouer un rôle ainsi que l’influence de l’enseignant. L’école est un agent de socialisation qui s’oppose ou renforce l’identité politique construite au sein de la cellule familiale. Les deux agents de socialisation sont opposés ou complémentaires.
Les médias
On retrouve ci-dessous un classement de différents médias sur une échelle politique allant de la gauche radicale à la droite radicale
gauche radical | gauche | centre ou neutre | droite | droite radical |
L’humanité
Le Monde diplomatique |
Libération
Marianne Le Nouvel Obs |
Le monde
L’Express |
TF1 / BFM
Figaro Les Echos |
Minute/ Rivarol |
Le canard ou Charlie Hebdo sont inclassables sur une échelle politique
B. Une socialisation politique qui est à l’origine des comportements politiques
La socialisation oriente notre opinion politique et nos comportements politiques c’est à dire l’ ensemble des activités de participation politique exercées par les individus. Parmi les exemples de comportement politique il y a l’acte de vote mais encore le militantisme, la participation à des mobilisations protestataires, …
« Si l’on construit un indicateur de politisation à partir de variables concernant l’intérêt pour la politique et la participation politique (importance accordée à la politique, fréquence des discussions politiques, participation à des formes d’action politique, etc.), il s’avère que les jeunes enquêtés de 2008 se répartissent en trois groupes égaux: fortement (33%), moyennement (34%) ou faiblement(33%) politisés. Dans les deux premiers groupes, la participation associative est supérieure ou égale à la moyenne d’adhésion des jeunes Français: la moitié des jeunes fortement politisés sont adhérents (50%), pour 38% des jeunes moyennement politisés. En revanche, parmi les jeunes faiblement politisés, seul un sur cinq adhère à un groupement (22%). Des tendances identiques se retrouvent avec les jeunes qui font du travail bénévole. »
B. Roudet, « Participation associative: des jeunes plus engagés dans la vie de la cité », INJEP n°4, mai 2011
Ce document nous apprend que l’investissement dans la vie associative nécessite une culture de l’engagement (de la famille, des pairs, etc), une motivation personnelle. C’est idem pour la politique
L’environnement politique est-il déterminant pour expliquer l’attitude politique? C’est une question qui amène une réponse en deux temps. En effet la culture politique est déterminant pour comprendre les attitudes politiques (holisme). Pour autant, nous pouvons considérer également que l’individu reste l’acteur de ses pensées et qu’à ce titre il ne subit pas passivement les contraintes d’une socialisation politique partisane .(individualisme)
II. Qu’est-ce que la culture politique ?
Pour illustrer ce que signifie la culture politique, je te conseille de visionner un extrait du film Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes de J-J Zilbermann (1993 avec J. Balasko et M. Benichou). Le synopsis: en 1958 en plein référendum pour l’adoption de la Constitution de la Ve République française, la vie quotidienne d’Irène, militante communiste qui a été sauvée des camps de concentration par l’Armée rouge quand elle était jeune, et qui est mariée à Bernard, petit commerçant gaulliste. Leurs divergences d’opinions politiques mettent à mal leur couple, sous le regard de leur fils et du frère d’Irène qui vient souvent chez sa sœur.
Qu’est-ce qu’une culture politique ou culture civique? C’est un ensemble des connaissance, représentations et jugements des citoyens sur le système politique.
Par exemple, on pourra évoquer en grossissant le trait:
. la culture ouvrière: autrefois une culture de solidarité entre les acteurs du monde ouvrier, aujourd’hui une culture de défiance dans un monde globalisé qui induit beaucoup de concurrence.
. la culture catholique : parmi les chrétiens pratiquants on pourra retrouver une certaine éthique, le respect de la vie et du sacré… on retrouve une droite chrétienne humaniste.
Pour autant, on peut se demander si la culture politique ne surdétermine pas le comportement attendu de l’individu qui peut avoir une trajectoire politique qui va différer en fonction des personnes avec lesquels il sera en interaction.
En fait la notion de culture politique a été forgée par G.Almond et S. Verba (The Civic Culture, 1963). Ces auteurs insistent sur l’importance de la culture civique qui détermine les comportements. D’autre part, la transmission de la culture politique permet la régulation du système politique ou encore la reproduction du système et ce faisant maintien la paix civile. C’est une vision fonctionnaliste.Pour autant certains sociologues, comme A. Percheron, n’adhèrent pas à cette vision trop déterministe . Ainsi la culture transmise par la famille est importante mais l’individu va être confronté à une pluralité de cultures qui vont l’orienter
III. L’identification partisane et le clivage gauche/droite
A. De la notion d’identification partisane …
Le paradigme de Michigan ou le modèle psycho-politique. Un courant de chercheurs de l’université de Michigan ont avancé l’ idée que notre vote est relativement stable dans le temps et tend à se reproduire . Ainsi, nous avons une ‘identité partisane’ qui se mettrait en place durant l’enfance qui se maintient par la suite et cela guide notre vote. Nos attachements à un parti politique sont d’ordre affectif.
Finalement, nos attitudes politiques seraient en grande partie liées à la socialisation politique liée à la cellule familiale mais également à certaines expériences liées à la socialisation secondaire qui vont ancrer les orientations politiques.
B. … à celle de clivage gauche/droite
Selon Christophe Bouillaud, Sciences Humaines, avril 2012 : En France, en raison des changements incessants connus par les partis en lice, les chercheurs ont eu tendance à transposer la notion d’identification partisane en une notion équivalente de positionnement sur l’axe gauche-droite.
Ci-dessous, , un interview de Pascal Marchand, psychologue social, enseignant à l’université de Toulouse
Question: Existe-t-il des personnalités typiquement de droite ou à l’inverse typiquement de gauche? Par exemple, les premières sont-elles plus individualistes, les secondes plus altruistes?
Réponse de Pascal Marchand
Avec les caractères tels qu’ils sont posés, je ne le pense pas. Il peut y avoir des individualistes ou des altruistes dans tous les camps politiques. Néanmoins, l’idée d’un lien entre psychologie et orientation politique n’est pas stupide, et plusieurs expériences ont mis en évidence certaines corrélations. Dans les années 1960, Milton Rokeah a ainsi voulu catir une échelle de dogmatisme (…). Il estimait qu’il y avait deux orientations de base possibles chez l’individu, l’une privilégiant la liberté, l’autre l’égalité. La première orientation se retrouvait chez les individus issus de mouvements proches de la droite, la seconde chez ceux des mouvements proches de la gauche.
Sciences Humaines, avril 2012
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