Les cours dialogués
J’ai demandé à mes élèves de seconde, comme je le fais de temps en temps, d’analyser ensemble quelques informations économiques ou sociales de l’actualité qu’ils souhaitaient partager. Au préalable, j’ai rappelé qu’un des objectifs essentiels des Sciences Économiques et Sociales (SES) est de mieux connaître le monde contemporain. Évidemment, j’ai eu droit en premier à une réflexion de Marco, sur le fait que Shakira n’était plus avec Piqué, le footballeur du Barça.
Je vous rappelle que je suis professeur au lycée français de Valence en Espagne. Merci Marco, mais ce n’est pas vraiment un phénomène sociétal.
La guerre en Ukraine
Petit à petit, à force de questions-réponses, on prend appui sur une actualité tangible qui peut devenir support de cours. La guerre en Ukraine et les retombées sur le prix du gaz, du pétrole, du blé. A partir de là, le canevas se met en place pour illustrer le cours. Qui sont les offreurs de gaz et pétrole ? Pourquoi la rareté fait monter les prix ? Puis, quelles sont les conséquences de l’inflation ? Très vite, après les constats sur l’augmentation des prix, on arrive à l’idée que si le salaire d’un individu n’augmente pas alors que les prix en moyenne augmentent alors son pouvoir d’achat baisse. Et j’ai rajouté : « C’est ce qu’on appelle le salaire réel, les élèves. Pour simplifier le salaire nominal moins l’inflation. » Et me voilà à construire le cours sur le salaire réel et nominal, les valeurs courantes et constantes.
Cours inductif ou TICE
Ce type de cours dialogué, interactif, construit à partir de l’apport des élèves, est particulièrement motivant. On retrouve ainsi cette vieille méthode inductive que les inspecteurs de SES nous recommandaient avant les années 2000. Après on est passé au TICE. Traitement de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement. Bref, mieux se servir du numérique pour construire des cours adaptés. Par contre, avec la méthode inductive, on posait des questions aux élèves et on amenait alors le cours en modifiant au passage les idées reçues. On déconstruit, comme disent les philosophes. En sociologie, mon cours sur le thème de la famille, au programme des secondes pendant des années, se faisait ainsi. On partait du vécu des élèves et on retrouvait les formes de la famille aujourd’hui et autrefois.
Polygynie et polyandrie
Ainsi, aujourd’hui on retrouve les familles nucléaires, parents et enfant(s), les familles monoparentales avec un seul parent, souvent la femme. On a également les familles recomposées qui statistiquement augmentent régulièrement au fil des années. Puis on utilise la notion de monogamie que l’on oppose à la polygamie. Plus précisément, en ethnologie, on parle de polygynie (de l’étymologie grecque plusieurs femmes) ou de polyandrie (de l’étymologie grecque plusieurs hommes). Le terme de polyandrie, on aimait bien parmi les professeurs de SES. Ça cassait les stéréotypes. Dans la classe, on avait le droit aux remarques : mais comment c’est possible ? Où y-a-t-il de la polyandrie ? Et là c’était gagné.
Des tibétains aux Nuers du Soudan
On pouvait découler le tapis sur l’analyse des paysans tibétains. Dans les contrées extrêmes de l’Himalaya, avec peu de ressources, l’objectif principal est de limiter les enfants pour ne pas avoir de problèmes pour nourrir tous les membres de la famille. La femme épouse alors le mari et les frères et cela permet de réduire le taux de fécondité. Chaque homme tibétain ne pourra avoir que peu d’enfants. On comprend ainsi que la forme de la famille s’adapte aux conditions économiques et sociales de la société. Après on enchainait avec les Nuers du Soudan (Ah le Soudan! Malheureusement dans l’actualité). Les femmes se mariaient parfois avec un homme mort.
Car sans le lignage d’un homme important vous n’avez aucune considération dans la communauté et donc peu de possibilité d’échanger économiquement. A partir de ce regard sur une société autre on pouvait interroger sur l’identité de la personne et le type de reconnaissance sociale. On pouvait alors glisser sur nos pays développés et le poids que joue le travail dans notre statut social.
Conclusion
Les cours dialogués ! Une façon créative de réaliser des cours. Il faut improviser et se laissé porter par les chemins de travers. Mais on connait la destinée, les objectifs pédagogiques. C’est terriblement efficace pour motiver les élèves. Heureusement, ce genre de cours en présentiel a encore de beaux jours face aux cours online qui ne peuvent pas amener tant d’émulation.
MAJ mai 2023 Les cours dialogués ? @ Philippe Herry
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